Parachat Bechala’h ou la nature de la manne
Dans la paracha Bechala’h, notre paracha hebdomadaire, nous avons la phrase suivante qui nous interpelle :
« La maison d’Israël donna à cette substance le nom de manne. Elle ressemblait à de la graine de coriandre, était blanche et avait la saveur d’un beignet au miel. » (Chemot 16:31)
Quelle était la nature de cette manne alimentaire si magique justement ? Le Meor Enayim écrit à ce sujet que toutes les provisions qui nous sont amenées dans la vie sont des « tsimtsoumim« , des contractions de la che’hina (la présence divine) et ce qui semble être du pain à nos yeux est en réalité la chose la plus profondément spirituelle qui soit revêtue d’un voile matériel.
Cette manne était en fait la nourriture des anges recouverte de quelque chose de plus raffiné que notre pain.
Par conséquent, le verset suivant déclare à son sujet :
« Oui, il t’a fait souffrir et endurer la faim, puis il t’a nourri avec cette manne que tu ne connaissais pas et que n’avaient pas connue tes pères ; pour te prouver que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais qu’il peut vivre de tout ce que produit le verbe d’Hachem. » (Devarim 8:3)
Comment pouvons-nous simplement comprendre ce concept mystique de tsimtsoum, de contraction, qui se trouve au coeur de nos aliments ?
Si je vous dis que j’ai du soleil sur mon pied, vous allez vous dire que je suis un peu cinglé ou que je fais de la poésie. Vous allez vous demander comment est-ce possible que j’ai du soleil sur mon pied ?
Tout simplement en vous disant qu’à 150 millions de kilomètres de là où je me situe, le soleil libère une énergie (résultant des atomes d’hydrogène en fusion), une infime partie de cette lumière et de cette chaleur sort du soleil et arrive sur terre à une vitesse de 8 minutes et 19 secondes.
Cette lumière arrive quelque part sur Terre dans un champ ouvert où de minuscules panneaux solaires exploitent cette énergie d’une manière unique et merveilleuse. Cela produit par exemple des petits morceaux d’herbe par le processus de la photosynthèse chlorophyllienne. Et c’est là qu’entre en scène une vache qui va grignoter des hectares de cette herbe traitée afin de devenir plus tard le lait que nous aimons au petit déjeuner. Il arrive également que le parcours de notre vache ne soit pas terminé puisqu’elle peut finir par être envoyée à l’abattoir pour fournir sa viande à nos belles tables, et si sa peau est belle, elle sera expédiée chez un chausseur qui la tannera, et voilà comment le soleil sera sur mon pied, sous forme de chaussures.
Dans un autre exemple, si l’enfant est nourri dans le ventre de la mère par le placenta, c’est comme si le nourrisson avait son menu pour le repas. La mère attentionnée sert automatiquement des bouchées conçues et adaptées pour répondre à la capacité de l’enfant à avaler. Nous comprenons donc mieux l’assertion du roi David qui loue la capacité d’Hachem en disant :
« Tu ouvres Ta main et rassasies avec bienveillance tout être vivant ! » (Psaumes 145:16).
Car tout au final émane de la parole d’Hachem qui emballe dans un format plus attrayant et facile à digérer.
Il y a une histoire sur Rabbi Israël Salanter zl qui était assis dans un hall d’hôtel en France. On lui servit un verre d’eau. Ensuite le serveur lui a présenté la note avec une somme énorme. Reb Israël s’étonna et demanda au serveur si peut-être il n’avait pas fait une erreur, car tout ce qu’il avait commandé était uniquement un verre d’eau et non pas un repas complet. Le serveur expliqua que ce n’était pas une erreur « Monsieur, ici vous ne payez pas seulement pour le verre d’eau. Vous payez aussi pour les paysages magnifiques, les beaux décors, et les musiciens dans le fond. Vous payez donc aussi pour l’ambiance ! »
Reb Israël a payé la facture et laissé un pourboire et quand il est retourné à sa chambre, il écrivit à ses étudiants en Russie qu’il comprend maintenant pourquoi quand nous buvons un verre d’eau nous devons dire : « Cheakol Niyah Bidvaro ». Il compris « Que tout vient à propos de Ses paroles ! » Nous ne faisons pas seulement de bénédiction pour l’eau que nous allons boire, mais plutôt pour le monde qui est finalement un hôtel cher et nous nous devons de payer pour tout! ». Donc quand nous buvons ou mangeons, n’oublions pas que nous prions non seulement pour la nourriture mais également pour le décor qui nous entoure.