Parachat Balak et la tsniout des bné israel
Dans les Pirke Avot (5,22), on nous explique la chose suivante :
Quiconque possède les trois vertus suivantes est un disciple d’Avraham Avinou : L’œil bienveillant, l’humilité et la réserve
Quiconque a les trois vices opposés est un disciple de Bilaam HaRacha : l’œil malveillant, l’orgueil et l’insolence.
Et la michna de poser la question suivante : quelle est la différence entre la destinée des disciples d’Avraham et celle qui est réservée aux disciples de Bilaam ?
Et la michna de répondre : Les premiers jouiront du bien de ce monde, et hériteront du monde futur, ainsi qu’il est dit : ‘‘Je réserverai de grandes richesses à ceux qui M’aiment et Je remplirai leurs trésors’’ (Michlé 8,21). Mais les disciples de Bilaam auront la Géhenne en partage, et seront précipites dans l’abîme, ainsi qu’il est dit : ‘‘Et Toi, Éternel, Tu les précipiteras dans le gouffre de la perdition ; hommes sanguinaires et perfides, ils n’atteindront pas la moitié de leurs jours. Moi, au contraire, je place ma confiance en Toi’’ (Tehilim 55,24).
La Michna nous apprend ainsi ce que nous allons recevoir si nous nous conduisons comme Avraham Avinou. Pourquoi tout cela ?
Quand quelqu’un de notre famille ou un ami proche reçoit un cadeau, quelle va être notre attitude ? Allons-nous nous conduire comme Bilaam et être jaloux ou allons-nous être comme Avraham Avinou et être content pour cette personne ? De le même manière allons-nous être comme Bilaam et faire des choses seulement dans un but de reconnaissance sociale ou allons-nous être comme Avraham Avinou et fuir les honneurs ? Quand une mère dit à son enfant « non tu n’auras plus de friandises », l’enfant va se conduire comme Bilaam et se plaindre car il en voudra toujours plus ou se comportera-t-il comme Avraham en étant content de ce qu’il a déjà reçu…
Une des bénédictions que Bilaam a fait sur le peuple Juif était (Bamidbar 24,5) : « Comme bonnes sont tes tentes Yaacov, tes résidences Israel ! ». Rachi commente ce passage en se demandant pourquoi faire une telle bénédiction ? Et de répondre que Bilaam a dit cela car il a vu que les entrées de leurs tentes ne se faisaient pas face. La Guemara dans Baba Batra dit que la Che’hina (présence divine) était sur eux. Le Torah Temimna commente là dessus en disant que leurs tentes étaient disposées de telle manière qu’ils ne pouvaient voir les uns chez les autres.
Ceci est un des traits de caractère de la tsniout !
La Tsniout est si importante que cela a entrainé le fait que la Che’hina rayonne au dessus d’eux. Cette Tsniout est donc une source de Kedoucha (sainteté) du peuple juif.
Pour montrer à quel point cela est important, reportons-nous à la fin de la haftara de cette semaine (Mi’ha). La dernière ligne parle justement de Tsniout puisque le passage demande ce qui est bien pour l’homme et le passage de répondre : « Homme, on t’as dit ce qui est bien, ce que le Seigneur demande de toi : rien que de pratiquer la justice, d’aimer la bonté et de marcher humblement avec D. !
On voit donc que la tsniout est bien plus que la manière de se vêtir, c’est tout un comportement de Juif. Il ne s’agit pas de se montrer, se vanter et être ostentatoire. Car en tant que Juif, nous n’essayons pas d’attirer l’attention sur nous mais au contraire d’attirer l’honneur d’Hachem et de sa Torah.
Nous pensons généralement à tort que la tsniout se réfère uniquement à la façon de s’habiller alors qu’elle concerne également la manière de parler. Une personne tsniout converse avec un ton de voix doux. De plus nous n’avons pas besoin de nous vanter de nos réalisations, mieux vaut les laisser parler pour nous-mêmes.
Qu’en est-il encore de notre façon de marcher ? On avait également vu cela dans la meguilat Ruth lorsque Boaz remarque la tsniout de Ruth (qui faisait attention dans sa manière de marcher mais également dans sa façon de se baisser pour ramasser les grains par terre).
C’est pour toutes ces raisons que nous ne regardons pas dans les maisons des autres et encore moins nous posons des questions indiscrètes sur la vie privée d’autrui.
A cause de cela, Balak était terrifié par le peuple juif. Il a vu comment ils ont vaincu Si’hon et Og. Rachi nous explique que leur force n’était pas due à des armes mais plutôt grâce à leur bouche. C’est pour cela que Balak a embauché Bilaam HaRacha pour qu’il puisse les battre avec leurs propres armes. Mais en essayant de maudire avec sa bouche, il les a béni. Car leur comportement les a protégé. C’est aussi ça la force de la tsniout. C’est une protection contre le mauvais oeil.
N’oublions donc pas que la puissance du peuple Juif est dans notre bouche qui fait sortir les mots de la Tefila, nous fait parler de paroles de Torah et dire des bénédictions. Notre sainte bouche ne dit pas de lachona ara, ne blesse pas autrui, ne les vexe pas ou ne les embarrasse pas. C’est ça notre force dans ce monde. C’est aussi ça la Tsniout !